10/ Fait-il bon travailler dans la distribution ?
Dans le monde de la grande distribution, Leroy Merlin fait figure d’exception. En 2011, une nouvelle fois, l’enseigne figure dans le palmarès « Great place to work » recensant les entreprises où il fait bon travailler en France. De plus, le groupe est bien classé. Il occupe la 3 e position. Les autres enseignes auraient intérêt à prendre exemple. Car de bonnes conditions de travail n’a jamais vraiment rimé avec la distribution. Une question de mal physique. Selon l’INRS (www.inrs.fr/accueil.html), les troubles musculo-squelettiques sont la première cause de maladie professionnelle dans le secteur (voir la page dédiée au commerce en cliquant ici (www.inrs.fr/accueil/secteurs/commerce-service.html). Et ils sont en forte augmentation, de 63 % entre 2005 et 2008.
Formations et informations insuffisantes
Il n’y a pas que cela, le secteur est grand consommateur des temps partiels. Et bien sûr, ici comme dans d’autres secteurs, les femmes sont plus sujettes à ce type de contrat. D’après l’étude publiée en 2010, par l’Observatoire Evolutions et Relations en Santé au Travail (Evrest), 44 % des femmes travaillent à temps partiel dans les supermarchés, contre 11 % des hommes. Et les horaires ne sont pas très pratiques. 41,9 % des magasiniers, 64,7 % des caissiers, et 41,8 % des vendeurs en alimentation subissent des horaires irréguliers. A cela s’ajoute que 29, 8 % des premiers, 22,4 % des seconds, et 16,7 % des troisièmes estiment les formations et informations insuffisantes. Ils sont également entre 24 % et 42 % à juger que leur travail ne leur permet pas d’apprendre.
Une pression peu tenable
Ensuite, il y a la pression, le stress. Patrick Légeron, psychiatre, pointait le problème du management par le stress. Dans certains secteurs comme la grande distribution, prédominait l’idée selon laquelle « les gens sont plus efficaces quand ils sentent peser sur eux une pression intense, voire, dans certains cas, s’ils ont peur ». Oui, mais il avait écrit cela au début des années 2000. Depuis cela a peut-être changé. Pas pour la CGT qui évoque une pression peu tenable et des cas de dépression.
Qu’en dit alors une entreprise modèle comme Leroy Merlin ? Le groupe, contacté pour expliquer les innovations mises en place en termes de politique RH, n’a pas daigné nous donner de réponses. En 3 semaines, la seule personne habilitée à répondre n’a jamais été disponible. Dommage et très symbolique d’un secteur qui travaille plus l’image que la réalité des pratiques.
Lucile Chevalier