Les recrutements des jeunes sont en baisse, informatique comprise. Les jeunes diplômés ont été touchés de plein fouet par la crise sanitaire. Selon l’APEC, au premier semestre 2020, les offres d’emploi pour jeunes diplômés ont chuté de 41 % par rapport au même semestre de 2019. En parallèle, on note un recul de 37% des recrutements pour les fonctions informatique et R&D d’après le dernier Baromètre APEC du 4e trimestre 2020, une chute qui s’explique par la baisse des investissements et des prestations de service dans le secteur IT. Malgré le plan gouvernemental “1 jeune, 1 solution” qui vise à faciliter l’insertion des juniors, des questions se posent pour les 750 000 jeunes qui arrivent en cette fin d’année sur le marché du travail.
Frédéric Desmoulins, CEO de CodinGame, alerte : “Il y a un rapport direct entre la baisse des recrutements des jeunes diplômés et le télétravail. L’onboarding des juniors est plus risqué, il est difficile d’assurer leur montée en compétence à distance, ils sont moins à même de s’organiser de manière autonome et n’ont bien souvent pas un espace de travail dédié chez eux. Or, ne pas faire confiance aux jeunes diplômés est une erreur pour la croissance des entreprises qui contribue indirectement à creuser, une fois de plus, les inégalités.”
Une frilosité des entreprises à embaucher des jeunes en télétravail
Les entreprises ont été forcées de s’adapter à la crise sanitaire en proposant massivement des possibilités de télétravail à plein temps pour les métiers de la tech. Selon la dernière enquête CodinGame sur le Covid 19 et le télétravail dans la tech, 73,6% des développeurs travaillent à présent à plein temps depuis leur domicile (ils étaient 86% lors du dernier confinement) contre seulement 15% avant la crise sanitaire.
Embaucher un jeune en télétravail présente des challenges supplémentaires que les entreprises ne sont pas toutes prêtes à relever. Alors que le télétravail exige une autonomie très importante des employés, les jeunes diplômés ont besoin d’un encadrement plus resserré car ils sont moins rapidement opérationnels en poste que des profils plus expérimentés.
Des solutions pour un encadrement à distance plus efficace
Stagiaires, alternants, premiers emplois : embaucher des jeunes en télétravail signifie souvent qu’il va être plus compliqué de les accompagner pour leur apporter l’aide nécessaire en temps réel. À défaut de pouvoir proposer suffisamment d’échange et de proximité, les entreprises jettent l’éponge et se tournent vers des séniors… ou des freelancers, plus habitués à travailler de chez eux en autonomie.
Maxime Chéramy, Senior Software Engineer chez CodinGame, explique : “En présentiel, une très grande partie de la communication avec les équipes se fait par le langage corporel. Une jeune recrue qui souffle devant son poste de travail ou passe de longues minutes le regard dans le vague peut avoir besoin d’aide, et c’est alors qu’on se rapproche pour intervenir. En visio, il est beaucoup plus complexe de détecter les signaux faibles : or, reconnaître qu’on est en situation de difficulté ou de blocage sur un projet peut-être très difficile pour un jeune qui tient vraiment à faire ses preuves. Le manager doit être proactif”.
Pourtant, des solutions existent pour faciliter le management des jeunes à distance, parmi lesquelles :
- La mise en place d’échanges quotidiens entre le développeur junior et son manager ;
- La fixation d’objectifs clairs et précis avec suivi via un logiciel de gestion de projet (par exemple, Jira ou Gitlab pour les équipes tech) ;
- La préservation de moments de convivialité à distance pour renouveler le dialogue et apaiser les tensions ;
- Le recours à des échanges vocaux plutôt que textuels pour désamorcer toute incompréhension ou pour clarifier une situation.